Global Chance, Trente ans d’écrits et de débats. Développement, Démocratie, Expertise, Climat, Transition énergétique, Nucléaire. Hommage à Benjamin Dessus

, par   Global Chance
Global Chance, Trente ans d’écrits et de débats. Développement, Démocratie, Expertise, Climat, Transition énergétique, Nucléaire.
Global Chance 2023

Cinq membres fondateurs ont été à l’origine de la création de l’association Global Chance en 1992 : Martine Barrère, Benjamin Dessus, François Pharabod, Arthur Riedacker, Philippe Roqueplo. Ils vont constituer le premier Conseil d’administration, auquel se joindra Jean-Michel Salles comme secrétaire, tandis que Jean-Claude Ray participera à la rédaction du premier numéro des « Cahiers de Global Chance » dont la maquette est réalisée par Martine Chartier, en décembre 1992.

J’ai rejoint Global Chance peu après sa création, étant ami de Martine Barrère depuis les années 60 au CEA et de Benjamin depuis l’AFME des années 80. Dans les années 90, je ne fus pas un membre très actif, occupé par une activité internationale sur la maîtrise de l’énergie avec le bureau d’études ICE. C’est après les deux années 1998 et 1999 passées au cabinet de Dominique Voynet, ministre de l’Environnement et de l’aménagement du territoire du gouvernement Jospin que je suis devenu plus actif dans l’association, surtout sur le nucléaire et sur le méthane. Nous travaillions alors avec Benjamin à un rythme « soutenu » : comme il dormait très peu, il complétait ses calculs au petit matin (très tôt), m’envoyait sa copie sur laquelle je travaillais dans la journée, lui renvoyais la mienne en fin de journée, etc. C’est ce que l’on appelle le travail en continu…

Si les membres poursuivaient des activités professionnelles ou militantes personnelles, l’essentiel de leur contribution à Global Chance se traduisit par la publication des Cahiers, chacun imprimé à 1200 exemplaires, distribué aux adhérents, acheté par les personnes intéressées et diffusé à quelques autres, chargées des questions d’environnement, de climat ou d’énergie dans l’administration, le gouvernement ou des établissements publics, sans savoir si elles étaient vraiment intéressées.

C’était un travail considérable, réalisé essentiellement par Benjamin : conception du Cahier, choix des auteurs, respect des délais pour la livraison des articles (occasionnant des colères homériques de celui-ci), afin d’assurer la sortie régulière de deux exemplaires par an et, enfin, la mise en enveloppe réalisée à Meudon par quelques adhérents volontaires, autour d’un verre. En somme, « à l’ancienne ». Ainsi, 38 Cahiers ont été réalisés et publiés de 1992 à 2016.

Dans ce numéro spécial, il nous a paru intéressant de placer en Chapitre 1 le numéro 1 des Cahiers et, en Chapitre 2, le dernier et 38ème numéro qui encadrent cette période particulièrement féconde. Le Cahier 1 présente Global Chance, les raisons de sa création au moment du sommet de Rio sur le climat, sa Charte, ses objectifs et ses engagements.
Le Cahier 38 le suit, non pas seulement parce qu’il a été le dernier de cette série, mais par ce que Benjamin y présente une remarquable synthèse du travail accompli pendant les vingt-quatre années de publication.

Au Chapitre 3, on trouvera la présentation de chaque numéro, de 2 à 37, par son « Editorial », agrémenté de certains textes courts sélectionnés pour leur originalité, leur appel à la réflexion, ainsi que des reproductions des couvertures de différents ouvrages auxquels Benjamin a participé.

La lecture de cette longue énumération des Cahiers est passionnante. On y voit la diversité des sujets abordés comme des auteurs sollicités, tout en gardant la ligne directrice tracée dès le numéro 1 et poursuivie jusqu’au numéro 38. On prend conscience du travail considérable d’expertise et de critique sur les sujets fondamentaux rappelés dans le titre de ce numéro spécial : Développement, Démocratie, Expertise, Climat, Transition énergétique, Nucléaire. Avec un double souci : celui de la participation aux débats qui s’instaurent dans cette période sur ces questions, ainsi que la coopération avec d’autres associations dans des numéros conjoints qui apportent des éclairages originaux.

Outre l’intérêt de chacun des Cahiers, on perçoit nettement, et Benjamin le dit bien dans sa synthèse, un changement d’état d’esprit dans la démarche de l’association. On l’a vu, l’ambition initiale était de s’adresser aux « gouvernants » au sens large en espérant un dialogue permettant leur prise de conscience des enjeux, qu’il s’agisse du réchauffement climatique ou de la politique de l’énergie : envoi des Cahiers, participation aux débats, quelques rencontres avec des responsables… D’une façon générale, peine perdue : Etat hyper centralisé, administration aux mains des corps, propagande éhontée de la part des grandes entreprises publiques ou privées, déni des réalités. L’exemple le plus frappant fut l’enterrement presque immédiat du rapport « Charpin-Dessus-Pellat » obtenu de haute lutte par Dominique Voynet et immédiatement enterré par le Premier ministre, ou du rapport Souviron qui se permettait quelques questionnements sur le nucléaire.
Dorénavant, c’est plutôt en direction des associations environnementales ou opposées à certains projets néfastes, de l’EPR à Cigéo, que vont porter les efforts de Global Chance, par une expertise critique indépendante de l’Etat et des entreprises, denrée extrêmement rare dans notre pays.

Avec le choix d’arrêter la publication des Cahiers sous la forme « papier » et, parallèlement le développement du site informatique, le travail continue dans le même esprit mais de façon plus simple et, il faut le reconnaître, avec moins de diversité dans les sujets et les écrits, le plus souvent en réponse à telle décision politique ou événement majeur. A partir de 2016, les articles sont surtout écrits par des membres de Global Chance, sur les mêmes sujets et dans le même esprit, avec l’accent mis sur l’expertise scientifique, la participation aux débats et l’expression publique par des tribunes, des conférences de presse et des conférences publiques.

Le Chapitre 4 présente les publications de Global Chance, par année, de 2016 à 2022, consultables sur le site « www.global-chance.org ».

En octobre 2019, Benjamin nous a quittés. Au-delà de sa douloureuse absence, ses articles et ses interventions nous ont cruellement manqués, comme sa direction à la fois exigeante et stimulante. C’est en 2017 que Benjamin avait décidé de « passer la main » pour la présidence de Global Chance. Un « jeune » membre, Mathieu Richard, lui a succédé, puis s’est retiré pour des raisons personnelles et nous le remercions d’avoir pris le relais.

C’est en 2019 que l’association a décidé de me confier cette responsabilité.

La production d’articles est restée fructueuse pendant ces années « post Cahiers » avec la poursuite des travaux de certains d’entre nous et aussi l’arrivée de nouveaux membres et la diversification des productions qui maintiennent la place de Global Chance dans l’expertise critique indépendante, grâce au soutien de la Fondation Charles Léopold Meyer pour le Progrès de l’Homme (FPH) que nous remercions profondément ici.

En juillet 2022, Global Chance est riche d’une quarantaine d’adhérentes et adhérents.

La diversité des activités de Global Chance est présentée au Chapitre 5, « Sons et Lumières » : des vidéos, des « podcasts », des archives, des interviews, des conférences, complètent la collection des articles et sont souvent plus « percutants » que des articles « sérieux ».
C’est un plaisir de voir et d’entendre les uns et les autres et en particulier Benjamin, précis et contestataire, tel que nous l’avons connu.

C’est vers lui que nous nous tournons à nouveau au Chapitre 6, « Adieu à Benjamin », avec quelques textes d’hommage qui reflètent bien sa personnalité et son apport à la réflexion et à la construction d’un « développement vivable ».

Sont associés à cet hommage celui à nos amis, membres actifs de Global Chance, qui nous ont aussi quittés ces dernières années, André Guillemette et Denis Chamonin.

Le vent tourne. Les périls s’accroissent. Que Global Chance nous guide pour faire de la prise de conscience réelle de ces périls une chance pour un développement vivable partout dans le monde.

Bernard Laponche, Président de Global Chance

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