Les Accidents et la sûreté des centrales nucléaires : citations et questionnements

, par   Bernard Laponche
Piscine d’entreposage du bâtiment combustible du réacteur n°1 de la centrale du Blayais (Gironde)
Source : IRSN

Introduction

Conséquence du séisme de magnitude 9 et du tsunami qui ont secoué le nord-est du Japon le 11 mars 2011, la catastrophe nucléaire de Fukushima a relancé le débat sur la sûreté des centrales nucléaires. Après les accidents de Three Mile Island, Tchernobyl et Fukushima, il est urgent de s’interroger sur l’origine du risque nucléaire, d’examiner les causes possibles d’un accident majeur, de connaître réellement la capacité des concepteurs et des exploitants des centrales nucléaires à maîtriser la machine basée sur la fission et la réaction en chaîne, et à parer à toutes les éventualités d’une telle catastrophe.

La question de la sûreté nucléaire – nous nous limiterons ici au cas des centrales nucléaires – se pose sous deux angles : d’une part, celui des précautions qui doivent accompagner l’utilisation de l’énergie nucléaire pour la production d’électricité afin d’en réduire au maximum les nuisances et les risques et, d’autre part, la pertinence de l’utilisation de cette technique, au regard de ces mêmes nuisances et risques.

La première approche est celle selon laquelle est conçue et organisée la sûreté nucléaire en France : l’utilisation de réacteurs nucléaires comme « chaudières » des centrales nucléaires productrices d’électricité est considérée comme une technique pertinente et l’ensemble de la réglementation et de l’organisation de la sûreté nucléaire a pour objet d’en réduire les nuisances et les risques mais en aucune façon de la remettre en cause.

La seconde approche, qui tient compte des enseignements de la première (expérience acquise, recherche, expertises) est plus globale et pose la question suivante : est-ce que cette technique est appropriée pour satisfaire ce besoin (production d’électricité), à partir d’une analyse des avantages (cette production) et des inconvénients (risques et pollutions), susceptible de remettre en cause l’utilisation même de cette technique.

Historiquement, si cette seconde approche a été mise en application par de nombreux groupes ou experts critiques, elle n’a de fait jamais été acceptée par les dirigeants en France qui ont toujours réaffirmé que le recours au nucléaire était une nécessité absolue. A contrario, deux grands pays industrialisés, l’Allemagne et l’Italie, ont décidé l’abandon de cette technique qu’ils ont jugée trop dangereuse par rapport à l’intérêt qu’elle pouvait présenter, sur des bases à la fois politiques (énergie, climat, risques, économie) et éthiques.

En tout état de cause, même si les conclusions d’un débat de caractère politique aboutissaient aux mêmes décisions que dans ces deux pays, la présence de nombreuses centrales nucléaires en France, même si elles étaient arrêtées progressivement, et l’existence de grandes quantités de déchets radioactifs, exigent que l’organisation de la sûreté nucléaire et de son contrôle au sens de la première approche, soit la plus compétente, la plus exigeante et la plus transparente possible.

Nous examinons dans le préambule de ce papier la technique elle-même, connaissance nécessaire à la première comme à la seconde approche. Puis, en première partie, nous présentons la façon dont la sûreté nucléaire est actuellement organisée et montrons la nécessité d’une clarification des rôles et des responsabilités ainsi que la nécessité d’un traitement politique global de cette question.

Nous examinons en seconde partie. la question des accidents nucléaires et questionnons les jugements portés par les responsables de la sûreté nucléaire ainsi que la pertinence des dispositifs prévus et acceptés pour assurer celle-ci.

La collaboration de Monique et Raymond Sené, GSIEN1, a enrichi ce document par des contributions et commentaires nombreux.

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