Sauver la planète sans changer nos pratiques sociales, économiques et politiques ?

, par   Benjamin Dessus

Face à l’urgence climatique, la plupart des propositions de « sortie de crise » se réclament de la « croissance verte », un mélange de productivisme énergétique et de marchandisation mondiale d’un bien commun, le climat, au service d’une croissance qui resterait « la » solution à tous nos maux. Malgré leur diversité apparente, ces propositions présentent une constante : l’alliance de la technologie triomphante et du marché est censée, à travers la croissance, assurer l’avenir de la planète sans remettre le moins du monde en cause, ni nos modes de vie, ni surtout les rapports de force économiques, sociaux et politiques. Pas question ainsi de contraindre vraiment la consommation d’énergie des sociétés les plus riches, ni des plus riches d’une société. Rien de bien nouveau par conséquent, à part la volonté affichée de « décarboner » la production d’énergie en investissant à tout va dans le nucléaire et la mise sous le tapis du gaz carbonique, sans trop se soucier des risques.
Pourtant, d’autres solutions existent, moins risquées, moins porteuses d’inégalité, plus sûres, et la sortie de crise climatique est possible, aussi bien sur le plan technique qu’économique ou social, en optant pour « une autre économie, un autre style de vie, une autre civilisation, d’autres rapports sociaux » (André Gorz). À nous, citoyens, de créer les conditions politiques et sociales d’un tel changement de paradigme !


Sur cette page :
Éditorial : « dessiner les contours d’une sortie civilisée du capitalisme » (ÉcoRev’)
Sauver la planète sans changer nos pratiques sociales, économiques et politiques ? (Benjamin Dessus)
À voir également sur le site de Global Chance (Dossiers et documents)

« DESSINER LES CONTOURS D’UNE SORTIE CIVILISÉE DU CAPITALISME »

Éditorial du numéro 43 d’ÉcoRev’, revue critique d’écologie politique :
« L’Écologie, le Capitalisme et la COP : Le Bon, la Brute et le Truand »


Il faut croire que le point de vue d’une revue critique d’écologie politique, cheminant depuis 1999 au cœur du questionnement affiché des organisateurs de la COP - celui de savoir comment faire face aux enjeux humains du réchauffement climatique - n’est probablement pas très convenable. En effet, aux yeux de ces organisateurs il n’est manifestement pas de bon aloi de permettre à la contradiction de s’exprimer, puisque leur comité de labellisation a rejeté notre demande pour ce numéro spécial.

Proposer de démontrer, comme le fait ÉcoRev’ dans ce numéro, qu’il y a incompatibilité entre l’économie capitaliste mondialisée - dont le productivisme est consubstantiel - et un monde respectueux de l’humain et de son environnement ne semble pas concevable, voire inacceptable, et de fait non discutable dans le cadre de la COP 21. Ce qui est au programme de cette dernière, et depuis des années de celui des COP successives, est bien plutôt d’appréhender - avec moult contradictions - les effets du réchauffement climatique, d’une manière qui puisse être acceptable pour l’économie de marché.

Pourtant, de très nombreuses populations de par le monde mettent d’ores et déjà en œuvre des pratiques écologiques qui démontrent qu’une autre société - pour ne pas dire une autre civilisation - est possible. Car, désormais le réseau Internet permet aux militants de l’écologie de se mettre en lien à l’échelle planétaire, avec un effet cumulatif sans précédent, créant ainsi les conditions d’une dialectique entre une pensée globale et des actions locales. Bénéficiant des réflexions et expériences de tout un chacun, cette dialectique permet de redécouvrir l’empirisme agricole, artisanal ou sanitaire dont les populations ont été spoliées par les transnationales. Elle dessine les contours d’une sortie civilisée du capitalisme, celle de l’écologie politique, alternative à la sortie barbare qui se met en place - dès lors que nous laissons nos institutions faire la promotion du développement durable ou du capitalisme vert, ou encore favoriser une économie marchande mondiale inféodée à la production d’armement et d’énergies fossiles, au blanchiment d’argent et aux alliances politiques scabreuses, en somme de ce qui fait le lit du terrorisme international.

Rédaction ÉcoRev’

(haut de page) (sommaire de la page)

SAUVER LA PLANÈTE SANS CHANGER NOS PRATIQUES SOCIALES, ÉCONOMIQUES ET POLITIQUES ?

Benjamin Dessus, ÉcoRev, n°43, « L’écologie, le capitalisme et la COP : le bon, la brute et le truand », printemps-été 2016, pp. 104-115

Sommaire de l’article :
I - La croissance verte au service du statu quo économique et social
I.1. Mais au fait, une croissance verte pour quoi faire ? Les deux degrés ?
I.2. Est-il possible de faire autrement ?
II - Le cas français
II.1. Le principe d’égalité
II.2. La mobilisation des citoyens
II.3. La question industrielle et l’emploi


I - LA CROISSANCE VERTE AU SERVICE DU STATU QUO ÉCONOMIQUE ET SOCIAL

La dramatisation médiatique des enjeux de la vingt et unième réunion de la conférence des parties à la Convention climat, la « COP 21 », se traduit par des superlatifs comme « la négociation de la dernière chance », ou « l’urgence climatique absolue » que nous avons tellement souvent entendu avec la crise grecque qu’ils pourraient nous faire sourire, si derrière ne se cachait pas ce constat accablant : depuis 23 ans et 20 conférences internationales regroupant tous les pays du monde, la concentration des gaz à effet de serre (GES) a non seulement continué à augmenter, mais plus grave, à accélérer son augmentation.

La plupart des propositions de « sortie de crise » se réclament de la « croissance verte », un mélange de productivisme énergétique et de marchandisation mondiale d’un bien commun, le climat, au service d’une croissance qui resterait « la » solution à tous nos maux :
• Notre dernier prix Nobel d’économie propose d’en revenir à des quotas d’émissions de GES comme dans le protocole de Kyoto, mais cette fois ci pour chaque pays du monde, avec l’institution d’un marché d’échange mondial de GES, évidemment paré de toutes les vertus.
• D’autres lui préfèrent une taxe sur le carbone supposée orienter tout naturellement le marché vers la sobriété dans l’équité sociale, à condition bien sûr que cette taxe s’applique à tout le monde.
• D’autres, fascinés par la bulle de gaz de schiste qui se développe aux États-Unis, proposent de sauver la planète en remplaçant le charbon par ce gaz providentiel dont les émissions de CO2 sont deux fois plus faibles.
• D’autres comme « Sauvons le climat » (1) ou les grands corps de l’administration française ne jurent que par le nucléaire, malgré la gravité des accidents majeurs récents, les risques de prolifération et la question non résolue des déchets.
• D’autres enfin prônent le développement à marche forcée de capacités de très grandes tailles de production d’électricité renouvelable (2) et de stockage d’énergie électrique (centrales photovoltaïques de plusieurs centaines de MW, super parcs éoliens en mer, Désertec, etc…), et d’un réseau mondial d’électricité verte.

Malgré leur diversité apparente, une constante : l’alliance de la technologie triomphante et du marché est censée, à travers la croissance, assurer l’avenir de la planète sans remettre le moins du monde en cause, ni nos modes de vie, ni surtout les rapports de force économiques, sociaux et politiques. Les propositions de décentralisation ultime de la production d’électricité au niveau individuel avec le photovoltaïque et de mise en place de « réseaux intelligents » n’échappent pas non plus forcément à cette logique. Le pouvoir économique peut être ainsi simplement transféré à une sorte de Big Brother dont le monopole de fait risque d’être aussi dangereux que celui des grands producteurs d’énergie d’aujourd’hui.

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I.1. Mais au fait, une croissance verte pour quoi faire ?

Dans l’esprit de ses promoteurs la croissance verte est la seule voie possible pour éviter un réchauffement de la planète de plus de deux degrés avant la fin du siècle, tout en assurant un niveau de développement satisfaisant à l’ensemble des pays du monde. Pour juger de la rationalité de la proposition, il faut donc non seulement préciser les exigences environnementales en cause mais aussi celles du développement des différentes sociétés

Les deux degrés ?

Avec une concentration de l’ensemble des gaz à effet de serre qui atteint 400 ppmv (3) aujourd’hui, contre 278 ppmv en 1750, et un rythme de croissance de l’ordre de 3 ppmv par an, on voit bien qu’il ne nous reste plus beaucoup de temps pour réagir, si nous voulons, comme le recommande le GIEC (4) ne pas risquer de dépasser au cours du vingt et unième siècle une concentration de 450 ppmv, valeur au delà de laquelle les risques de dérapage incontrôlable du climat augmentent de façon considérable.
Les premiers responsables de cette augmentation sont le gaz carbonique (CO2) produit par la combustion des énergies fossiles, mais aussi par la déforestation, la désertification et le changement d’usage des terres (5), le méthane CH4 émis par les ruminants et les cultures inondées, par les déchets organiques et les fuites du système énergétique (émissions des puits de pétrole, de gaz et des mines de charbon, fuites des réseaux de gaz), enfin le protoxyde d’azote N20, principalement lié à l’utilisation des engrais azotés dans l’agriculture.

L’Agence internationale de l’énergie, bras armé de l’OCDE en ce qui concerne l’énergie, représentatif des intérêts des pays riches et de leurs multinationales, après avoir longtemps négligé le problème climatique a finalement proposé en 2011 un scénario dit « 450 ppm » (6) censé permettre d’atteindre l’objectif de réduction souhaité.
On y trouve des projections de croissance économique par habitant dans les différents pays du monde. Entre 2009 et 2035 le Pib (7) mondial augmente d’un facteur 2,5 (3,6% /an) mais celui des pays de l’OCDE augmente encore de 73% (2,4%/an en moyenne), alors que sa population n’augmente que de 12%. Le Pib de l’Afrique augmente de 150% mais comme sa population augmente de 70%, le Pib/hab ne progresse que de 2900 à 4200$.
En 2035, l’écart de Pib/hab entre pays de l’OCDE et hors OCDE reste très important : près de 70 000 $ aux États-Unis, mais 4 200 $ en Afrique. À ces rythmes de croissance, s’ils se poursuivaient au delà de 2035, la convergence du Pib d’un habitant de l’OCDE n’interviendrait qu‘en 2065 avec un Chinois à un niveau de l’ordre de 100 000 $/hab, à la fin du siècle avec un Indien mais au delà de 2100 et à des valeurs encore bien supérieures avec un Africain.

La réduction des inégalités par la croissance (verte ou non) est donc bien renvoyée aux calendes grecques. Qu’en est il des émissions de GES ?

Évolution des consommations d’énergie primaire et d’émissions de CO2 du système énergétique du scénario 450 ppm de l’AIE jusqu’à 2035

La réduction des émissions à consentir pour contenir la concentration de CO2 à 450 ppm en 2050 suppose une division par près de deux des émissions par rapport au scénario « Politiques en cours » en 2035. La consommation d’énergie continue cependant à croître jusqu’en 2035 (14,9 Gtep (8) contre 12,1 en 2009), celle des énergies fossiles diminue légèrement, de 9,8 à 9,2 Gtep, celle des renouvelables, multipliée par 3, demeure encore modeste dans le bilan (15%).

Pourtant, les émissions de CO2 du système énergétique sont réduites de 25% pendant la même période. Pour y parvenir, en plus d’un effort d’économie d’énergie qui ne permet que de maintenir constante la consommation des pays de l’OCDE, l’AIE doit consentir deux paris technologiques et sociétaux majeurs :
• Le triplement de la production nucléaire mondiale (de 2410 TWh en 2014 à 6380TWh) un rythme de construction très improbable d’une quarantaine de réacteurs/an en tenant compte des fermetures de réacteurs actuels (9). Cette relance impliquerait la généralisation de l’accès au nucléaire civil à tous les pays suffisamment consommateurs d’électricité pour justifier le recours à cette technologie et donc une dissémination renforçant les risques d’accident et de prolifération. Mais surtout, pour éviter la pénurie d’uranium 235 au-delà de 2040, cette relance imposerait de développer le recyclage du plutonium et de l’uranium issus du retraitement du combustible irradié et d’utiliser au plus tôt des réacteurs, inexistants à ce jour, permettant de valoriser l’uranium 238. Cela impliquerait donc pratiquement une obligation de réussite de la mise au point des réacteurs de la génération IV dans les 25 ans qui viennent et son corollaire, la généralisation au niveau mondial de filières nucléaires impliquant l’usage du plutonium, avec les risques de prolifération que cela comporte.
• L’implantation massive, dès 2020, d’une technologie nouvelle, la captation et le stockage du CO2 des centrales électriques à charbon dans le sous sol terrestre (CCS) : en 2035 le CCS du charbon devrait concerner déjà plus de 1300 Mtep contre moins de 0,5 Mtep aujourd’hui.

Mais l’AIE est contrainte de faire en plus le pari d’une diminution de 60% des émissions de l’ensemble des autres gaz à effet de serre, pari très optimiste puisqu’il implique à la fois une chute très rapide de la déforestation et des émissions de CH4 et de N2O dont une bonne part sont d’origine agricole.

En résumé, priorité à la croissance économique y compris dans les pays déjà très riches, confiance aveugle dans la science, le progrès technologique et le marché pour sortir de la crise environnementale, mais aussi sociale, économique et politique. Pas question enfin de contraindre vraiment la consommation d’énergie des sociétés les plus riches, ni des plus riches d’une société.

Rien de bien nouveau par conséquent à part la volonté affichée de « décarboner » la production d’énergie en investissant à tout va dans le nucléaire et la mise sous le tapis du gaz carbonique, sans trop se soucier des risques…

(sommaire de l’article)

I.2. Est-il possible de faire autrement ?

Tout cela n’est évidemment pas crédible. Mais existe-t-il d’autres solutions, moins risquées, moins porteuses d’inégalité, plus sûres, pour lutter contre le réchauffement climatique ?

Depuis une trentaine d’années, d’autres voix ont tenté de se faire entendre. C’est par exemple le cas de J. Goldemberg et ses collègues qui publient en 1985 un scénario à l’horizon 2020 (10) dans lequel, pour la première fois, le dogme de la croissance continue de la consommation énergétique des pays du Nord est remise sérieusement en cause : la consommation finale d’énergie par habitant de ces pays est divisée par deux par rapport à 1980 pour laisser la place à une croissance de la consommation des pays du Sud qui atteint en 2020 62% (contre 38% en 1980) d’un total de consommation énergétique finale mondial inchangé par rapport à 1980. Et ce, sans aucun pari technologique hasardeux, mais principalement par un effort important de maîtrise de l’énergie dans les pays riches dont les retombées profitent aux pays en développement.

Quatre ans plus tard, apparaissent les premiers scénarios qui prennent explicitement en compte des contraintes d’environnement global sous forme normative. C’est le cas en 1989 du scénario Noé (11) qui s’impose de limiter les émissions de CO2 en 2100 aux quantités que la biosphère terrestre est censée pouvoir absorber annuellement, de façon à ne plus augmenter la concentration de ce gaz à effet de serre dans l’atmosphère, et de stopper avant 2100 la croissance de la masse de déchets nucléaires à longue durée de vie à entreposer définitivement sur la Planète.

D’où deux règles :
• le retour, au plus tard en 2100 à des émissions de CO2 dues au combustibles fossiles inférieures ou égales à 12 Gtonnes (12) de CO2.
• le déclin de production d’énergie nucléaire et son arrêt au plus tard en 2100

Résultat : une consommation d’énergie de 11,2 Gtep en 2060 (contre déjà 14,9 Gtep en 2035 pour le scénario « 450 ppm »), avec un profond rééquilibrage Nord-Sud, puisque les habitants du Nord voient leur consommation énergétique annuelle par tête divisée par 2,5 et celle des habitants du Sud multipliée par 2.

La très forte amélioration de l’efficacité énergétique dans les pays riches se traduit par une diminution de 2 à 2,5% par an de l’intensité énergétique du Pib (13). Elle est accompagnée d’un ralentissement très net de la croissance dans ces pays (une croissance moyenne de 0,9% par an) par rapport aux anticipations des scénarios dominants qui maintenaient des croissances de 2 à 2,5%/an sur la période.

C’est la mise en question de la fuite en avant technologique, la priorité à la résorption des inégalités et à la sobriété énergétique individuelle et collective, avec une attention toute particulière aux infrastructures (habitat, urbanisme, transports) et à l’organisation de la production et des échanges. L’urbanisme extensif pavillonnaire n’est plus la règle, les collectivités locales favorisent un urbanisme plus concentré et freinent la dérive des coûts collectifs de l’extension des divers réseaux associés au « mitage » périurbain. La vitesse de transport individuelle, source de concurrence accrue des usages de l’espace et de discrimination sociale, n’est plus systématiquement recherchée. La notion de service de mobilité de l’ensemble de la population, à travers les transports en commun, le co-voiturage ou l’autopartage, domine sur celle de propriété et de vitesse individuelle des véhicules. La réorganisation des circuits de production et de distribution des marchandises favorise la proximité, les circuits courts et la décentralisation indispensables à la maîtrise de l’énergie. Cette relocalisation permet l’appropriation des questions d’énergie par les citoyens et une implantation plus aisée des systèmes de production d’énergies renouvelables de proximité.

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II - LE CAS FRANÇAIS

Le récent débat français sur la transition énergétique est venu, 25 ans plus tard, conforter la pertinence de ce type d’analyse. Il a en effet été l’occasion d’analyser une série de scénarios produits par des producteurs d’énergie, des ONG, des organismes de recherche (14), avec pour objectif affiché une réduction par 4 des émissions de GES en 2050. On peut regrouper ces scénarios en deux catégories principales : ceux qui comme par exemple celui de l’Union Française de l’Électricité ou de l’association « Sauvons le climat » n’envisagent en 2050 qu’une faible réduction des besoins d’énergie finale, de l’ordre de 15% par rapport à aujourd’hui et ceux, beaucoup plus sobres en énergie, dont l’ambition est de réduire les besoins d’énergie finale d’un facteur de l’ordre de deux en 2050 (comme celui de l’Ademe ou de l’association négaWatt).

On constate que la catégorie des scénarios les plus gourmands en énergie, malgré un recours massif au nucléaire et/ou au captage stockage du CO2, ne parviennent qu’à une réduction des émissions du CO2 énergétique d’un facteur 3 à 3,5.
La catégorie des plus sobres parvient à une réduction bien supérieure (entre 6 et 14), considérée comme nécessaire car celle des autres gaz à effet de serre, en particulier le CH4 et le N20 d’origine agricole, apparaît problématique.

Conclusion principale : seuls les scénarios très économes en énergie donnent des marges de manœuvre suffisantes pour réduire suffisamment les émissions de GES en 2050. Les autres, malgré un appel massif soit au nucléaire, soit à la capture-stockage du carbone (CCS), soit le plus souvent aux deux, n’y parviennent pas. Pour sortir de l’impasse, il faut engager une politique très volontariste d’économie et de sobriété énergétique, développer les énergies renouvelables pour pouvoir éradiquer progressivement à la fois le nucléaire et l’essentiel des énergies fossiles et s’attaquer sérieusement à la réduction des autres gaz à effet de serre, en particulier le méthane.

Mais on a bien du mal à imaginer une telle stratégie sans mise en cause des politiques suivies depuis 20 ans. De droite comme de gauche en effet, les gouvernements libéraux ou socio-libéraux successifs français n’ont réussi ni à faire décroître significativement les émissions de GES, ni à empêcher le chômage de s’imposer et de gangréner durablement la société, encore moins de réduire les inégalités entre riches et pauvres de notre pays, inégalités qui augmentent non plus seulement par enrichissement des plus riches, mais aussi par appauvrissement des plus pauvres (15).

Le libéralisme qui est devenu la règle en Europe est il capable de se réformer ? Est il capable de se convertir à la coopération au détriment de la compétition, à l’égalité d’accès aux services énergétiques de base (pour le logement, la nourriture, l’éducation, la santé, la mobilité, etc.) plutôt qu’à la marchandisation systématique des biens communs, au partage du travail, à l’usage des biens plutôt qu’à leur propriété, au développement local et à la protection de l’environnement au détriment de la « destruction créative » chère à Schumpeter, à l’initiative citoyenne locale plutôt qu’au productivisme centralisateur, au long terme plutôt qu’à la dictature des marchés financiers ?

On peut en douter vu la pression qu’exerce sur le monde politique économique et financier une petite centaine d’entreprises multinationales, responsables à elles seules de 60% des émissions de GES (16), et en France, l’idéologie des grands corps d’État, centralisatrice et productiviste, en totale collusion avec ces entreprises. Le Medef, ne s’y est d’ailleurs pas trompé en refusant de s’associer aux conclusions du rapport du groupe de travail sur les scénarios du Débat national sur la transition qui mettaient directement en cause la solidité des marchés des lobbies des énergies fossiles et du nucléaire pour donner la priorité aux économies d’énergie et aux renouvelables.

La sortie de crise climatique est pourtant possible, aussi bien sur le plan technique qu’économique ou social, mais, comme le disait André Gorz, « elle suppose une autre économie, un autre style de vie, une autre civilisation, d’autres rapports sociaux ».

Une série d’initiatives qui se développent en témoignent comme le covoiturage, la colocation de logements de machines ou d’outillage, les Amap, l’échange de services, les coopératives d’énergies renouvelables etc…, principalement en dehors de la sphère publique. Les technologies de maîtrise de l’énergie existent, la plupart des technologies de production à base d’énergies renouvelables ont atteint ou sont en passe d’atteindre la compétitivité, des méthodes agricoles économes en intrants se développent, les circuits courts de commercialisation de leurs produits ont démontré leur pertinence, les technologies de capture et de valorisation du méthane issu des déchets organiques et des mines sont aujourd’hui rentables. Comment les généraliser ?

C’est évidemment aux organisations citoyennes, depuis l’échelon local jusqu’au niveau national et international que revient le choix des politiques à mettre en œuvre, en fonction de l’environnement économique et social de la société qu’elles connaissent. De même le choix des moyens ne saurait se résumer comme on l’entend trop souvent à une mesure phare, par exemple une taxe sur le carbone, alors que chaque environnement géographique social et culturel, chaque secteur socioéconomique méritent un cocktail de mesures adaptées à la situation rencontrée.

Reste qu’un certain nombre de principes devraient pouvoir servir de base à l’action dans notre pays. Donnons en quelques exemples :

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II.1. Le principe d’égalité

La revendication « d’égalité d’accès à l’énergie » fait partie de la panoplie traditionnelle de la gauche. Il y est de bon ton par exemple de défendre le maintien de tarifs artificiellement bas de l’énergie pour éviter de renforcer la précarité énergétique qui touche près de 4 millions de français. Pourtant l’analyse montre qu’il n’y a aucune corrélation entre niveau de précarité et prix de l’énergie : en Suède ou en Autriche par exemple, où l’énergie est 50% plus chère qu’en France pour les usagers, la vulnérabilité énergétique y est 4 fois plus faible (17). Par contre dans ces deux pays la qualité de l’isolation thermique des logements est bien meilleure. Ce n’est donc pas tant L’égalité d’accès à l’énergie qui importe mais bien l’égalité d’accès aux services de l’énergie. Lutter contre la précarité énergétique ce n’est pas rendre meilleure marché l’énergie pour les ménages dits « modestes » (18) c’est leur permettre, en augmentant leur pouvoir d’achat et par des aides et une ingénierie financière adaptées, de réaliser les investissements qui leur permettront d’accéder au confort ou à la mobilité dans de bonnes conditions d’efficacité énergétique.

Ce n’est évidemment pas suffisant pour conduire l’ensemble de nos concitoyens sur la route d’une sobriété assumée et vers plus d’efficacité énergétique. Comme l’ont bien montré P. Pourouchottamin et ses collègues (19). L’aisance financière n’induit pas un comportement énergétique proportionnellement plus vertueux des ménages, bien au contraire. Il ne serait donc pas vraisemblable d’exhorter l’ensemble des citoyens à un comportement plus sobre et efficace sans commencer par tenter de modérer les dépenses énergétiques des plus riches de nos concitoyens, d’autant que le contenu en devises de ces dépenses y est plus élevé qu’en moyenne. Il faut donc mettre en place des incitations fiscales ou réglementaires fortes pour modérer la consommation ostentatoire des ménages des catégories les plus aisées. L’exemple de la vignette automobile dont la valeur augmente très vite avec la puissance des voitures et qui sert à rendre plus accessibles les véhicules de faible consommation les moins polluants pourrait être généralisé. Pourquoi par exemple ne pas créer une vignette sur les Home cinéma qui consomment dix fois plus d’électricité qu’un poste de télévision traditionnel et à en affecter le produit à des aides aux économies d’énergie pour les plus précaires ?

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II.2. La mobilisation des citoyens

La délégation actuelle des questions énergétiques aux seuls producteurs d’énergie est évidemment porteuse d’un déséquilibre majeur en faveur de l’offre au détriment de la maîtrise de la demande. Il est urgent que les citoyens et leurs organisations (municipalités, collectivités territoriales, associations, syndicats, etc.) se saisissent de la question énergétique pour en rationaliser la demande au niveau local et en assurer une part de production. C’est en effet là qu’une conscience collective des enjeux économiques sociaux et environnementaux de l’accès du plus grand nombre aux services énergétiques peut se développer, c’est là que les solidarités peuvent s’exercer efficacement, y compris au niveau du partage du travail, c’est là que les mesures d’efficacité et de sobriété collectives prennent leur sens. C’est à ce niveau de décentralisation que la production d’énergie ou d’alimentation locale prend son sens (coopératives de production pour la production d’électricité éolienne ou de chaleur à partir du bois ou des déchets, ramassage et méthanisation des déchets d’un canton, circuits courts pour la production agricole bio, etc.). C’est là enfin que les ménages et les citoyens prennent conscience de leur capacité d’action puisqu’ils peuvent enfin arbitrer collectivement et individuellement l’ensemble des éléments qui conduisent aux services énergétiques ou alimentaires dont ils ont besoin.

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II.3. La question industrielle et l’emploi

Obnubilés par les grands programmes industriels prestigieux et centralisés (Airbus, TGV, nucléaire) à vocation mondialiste revendiquée (20), la gauche productiviste qui nous gouverne ne comprend pas l’intérêt d’un développement industriel fondé sur le développement et la diffusion d’appareils et de technologies d’ usage commun mais de grande qualité énergétique (électroménager, matériaux d’isolation, chaudières domestiques, pompes à chaleur, chauffe eau solaires, panneaux photovoltaïques, etc.) et sur des compétences artisanales pour les installer. En combinant une politique industrielle volontariste de la qualité énergétique et des programmes territoriaux de rénovation énergétique de notre patrimoine bâti, la France peut à la fois créer plusieurs centaines de milliers d’emplois locaux très difficilement délocalisables, remettre à niveau les PME et PMI du secteur, diminuer ses importations de combustibles fossiles et donc les émissions de GES et impliquer fortement les citoyens producteurs et consommateurs dans la gestion du système énergétique comme dans celle de l’alimentation.

Ces quelques éléments n’ont pas l’ambition de définir une politique mais simplement d’en souligner quelques principes : lucidité et vérité dans le diagnostic, la nature et l’ampleur des marges de manœuvre, mise à jour des responsabilités des uns et des autres, appel à la mobilisation de l’intelligence collective et à la solidarité des citoyens pour s’approprier la question du climat comme un élément majeur de nos choix de société.

À nous citoyens de créer les conditions politiques et sociales du développement de ces initiatives encore marginales, à nous de faire prendre conscience à nos concitoyens de la nécessité de sortir du nucléaire et de l’addiction pétrolière, à nous d’imposer la mise en place des incitations publiques, réglementaires et fiscales indispensables pour réduire fortement les inégalités, remettre en chantier le partage du travail et contrôler l’extension sans fin des entreprises multinationales.

Benjamin Dessus est président de Global Chance

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Notes

(encadré = plus d’informations au survol)

(1) www.sauvonsleclimat.org

(2) Denis Bonnelle, « Ils ont renoncé avant d’essayer », Ed. The book edition, 2014

(3) ppmv : partie par million en volume

(4) GIEC (en anglais IPCC), Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat

(5) Monique Barbut, « Mieux gérer les terres pour mieux gérer le climat : un enjeu fondamental » (fichier pdf, 3 pages, 100 ko), in Imaginer l’inimaginable ou cultiver notre jardin ?, Les Cahiers de Global Chance, n°37, pp. 15-17

(6) Agence internationale de l’énergie, « World energy outlook 2011 »

(7) Pib : produit intérieur brut censé mesurer la richesse économique d’un pays ou d’une région du monde

(8) Gtep : milliard de tonnes équivalent pétrole

(9) Mycle Schneider and Antony Froggatt, « The World Nuclear Industry status report 2015 »

(10) J. Goldemberg, A. Reddy, T. Johansson et R. Williams, « Energy for a sustainable world », Eastern Wiley, 1985

(11) B. Dessus et F. Pharabod, « Jérémie et Noé, deux scénarios énergétiques mondiaux à long terme », La Revue de l’énergie, n°421, 1990

(12) 12 Gtonnes de CO2, quantité de CO2 considérée à cette époque comme annuellement absorbable par la biosphère

(13) Intensité énergétique : quantité d’énergie par unité de pib par ex en tep/ 1000$

(14) Voir par exemple T. Salomon, « Analyse comparative des émissions de GES entre scénarios, Contribution au Groupe Experts », Débat National sur le Transition Énergétique, juin 2013

(15) Voir par exemple Louis Maurin, « Les plus pauvres décrochent qui s’en soucie ? », Alternatives économiques, n°347, juin 2015

(16) Suzan George, Le Monde, 22 juillet 2015

(17) Lucas Chancel, « Précarité énergétique : le débat français à la lumière des exemples européens » (fichier pdf, 7 pages, 380 Ko), in Autour de la question énergétique : questions et débats d’actualité, Les Cahiers de Global Chance, n°35, juin 2014, pp. 24-30

(18) Comme si la modestie devait s’imposer aux plus pauvres d’entre nous (et une légitime fierté aux plus riches !)

(19) P. Pourouchottamin et al., « Nouvelles représentations des consommations d’énergie », Les cahiers du CLIP, n°23, 2013

(20) Mais pratiquement non réalisée pour le nucléaire et le TGV qui restent à 90% des activités nationales

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À VOIR ÉGALEMENT SUR LE SITE DE GLOBAL CHANCE

Énergie, Environnement, Développement, Démocratie :
changer de paradigme pour résoudre la quadrature du cercle

Global Chance, mai 2011

(encadré = plus d’informations au survol)

Les Dossiers de Global-Chance.org

(par ordre chronologique d’apparition sur le site)

(sommaire « À voir également sur le site de Global Chance »)

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Publications de Global Chance

(encadré = plus d’informations au survol)

Sans relâche : décrypter, expliquer, proposer...
Les Cahiers de Global Chance, n°38, janvier 2016, 84 pages

Imaginer l’inimaginable ou cultiver son jardin ?
Les Cahiers de Global Chance, n°37, juin 2015, 100 pages

Autour de la transition énergétique : questions et débats d’actualité (suite)
Les Cahiers de Global Chance, n°36, novembre 2014, 68 pages

Autour de la transition énergétique : questions et débats d’actualité
Les Cahiers de Global Chance, n°35, juin 2014, 84 pages

Le casse-tête des matières et déchets nucléaires
Les Cahiers de Global Chance, n°34, novembre 2013, 76 pages

Des questions qui fâchent : contribution au débat national sur la transition énergétique
Les Cahiers de Global Chance, n°33, mars 2013, 116 pages

L’efficacité énergétique à travers le monde : sur le chemin de la transition
Les Cahiers de Global Chance, n°32, octobre 2012, 180 pages

Voir la liste complète des publications de Global Chance

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Publications de membres de Global Chance (sélection)

(encadré = plus d’informations au survol)

Une prise de conscience collective
Jean Louis Basdevant, Denis Clerc, Benjamin Dessus, Bernard Laponche, Hervé Le Treut, Denez L’Hostis, Georges Mercadal, Michel Mousel et Jacques Testart, Politis, n°1388, jeudi 28 janvier 2016

Protéger l’environnement n’est pas une contrainte, mais bien une opportunité
Jean Louis Basdevant, Denis Clerc, Benjamin Dessus, Bernard Laponche, Hervé Le Treut, Georges Mercadal, Michel Mousel et Jacques Testart, AlterEco+, vendredi 22 janvier 2016

Où va la transition énergétique à la française ?
Benjamin Dessus, Politis, n°1327, jeudi 13 novembre 2014

Déchiffrer l’énergie
Benjamin Dessus, Éd. Belin, octobre 2014, 384 pages

Une politique de gauche pour le climat ?
Benjamin Dessus, L’Économie politique, n°63, juillet-août-septembre 2014, p. 86-95

La transition énergétique : pourquoi, pour qui et comment ?
Benjamin Dessus, Les Possibles, n°3 - printemps 2014, dossier : « L’écologie, nouvel enjeu »

Plogoff : retour sur une lutte victorieuse
Bernard Laponche, La Revue des Livres, n°12, juillet-août 2013

Les inégalités au cœur du développement (non) durable
Laurence Tubiana et Rémi Genevey, Slate.fr, jeudi 18 juillet 2013

Le double épuisement de nos sociétés industrialisées
Laurence Tubiana et Damien Demailly, Le Cercle/Les Échos, vendredi 12 juillet 2013

La transition énergétique est une nécessité
Laurence Tubiana, Le Monde, samedi 22 juin 2013

Transition énergétique et sortie du nucléaire
Bernard Laponche, document de travail, décembre 2012, 20 pages

Rio+20 : où en est notre empreinte écologique ?
Natacha Gondran et Aurélien Boutaud (entretien), France Culture, émission « Planète Terre », mercredi 20 juin 2012

Choix énergétiques : un débat biaisé
Benjamin Dessus, Pour La Science, n°414, avril 2012, pp. 30-35

Énergie : demain, « tous prod’acteurs » ?
Benjamin Dessus (interview), L’Âge de faire, n°62, mars 2012

Manifeste négaWatt : réussir la transition énergétique
Thierry Salomon, Marc Jedliczka et Yves Marignac, Association négaWatt / Éditions Actes Sud, janvier 2012, 376 pages

Nécessités et limites des scénarios énergétiques
Benjamin Dessus, Thierry Salomon, Meike Fink, Stéphane Lhomme et Marie-Christine Gamberini (entretiens), Les Amis de la Terre, jeudi 29 décembre 2011, 29 p.

CO2 : la responsabilité des classes aisées
Benjamin Dessus, Politis, numéro 1139, jeudi 10 février 2011

Quelle expertise pour la science ?
Benjamin Dessus, Politis, numéro 1126, jeudi 11 novembre 2010

Peut-on sauver notre planète sans toucher à notre mode de vie ?
Benjamin Dessus, / Sylvain David, Éditions Prométhée, Collection Pour ou Contre ?, octobre 2010, 128 p.

Pour une remise à plat concertée et démocratique de nos modes de vie
Benjamin Dessus, intervention dans le cadre du bicentenaire du corps des Mines, jeudi 23 septembre 2010

La crise de l’énergie n’a pas de solution technique
Benjamin Dessus, Manière de voir, n°112, août-septembre 2010 : « Le temps des utopies »

« La crise va aggraver les inégalités face à l’énergie »
Hélène Gassin (interview), Mediapart, lundi 29 mars 2010

Le compteur et la jauge
Aurélien Boutaud et Natacha Gondran (entretien), L’ÉcologithÉque, mercredi 3 mars 2010

Entre silence et mensonge. Le nucléaire, de la raison d’état au recyclage « écologique »
Bernard Laponche, entretien avec Charlotte Nordmann, La Revue internationale des Livres & des idées, n°14, novembre-décembre 2009

« La crise accélère la marche vers un développement plus durable »
Laurence Tubiana (interview), La Tribune , lundi 2 novembre 2009

Dix-huit ans de négociations sur le climat
Michel Colombier (entretien), Le Courrier de la Planète, n°89, novembre 2009

Energy and Global Economic Crisis : The chances for Progress
George Joffé, Samir Allal & Houda Ben Jannet Allal, European Institute of the Mediterranean / European Union Institute for Security Studies, october 2009

Changement climatique – développement : même combat !
Youba Sokona (interview), Swissinfo.ch, dimanche 23 août 2009

Le climat otage de la finance, un essai d’Aurélien Bernier
Béatrice Quenault, Développement durable et territoires, samedi 10 janvier 2009

« Changer de paradigme énergétique »
Bernard Laponche (interview), Actu-environnement.com, jeudi 28 août 2008

Nous ne pouvons plus nous payer de mots
Benjamin Dessus, Liaison Énergie Francophonie, n°78, 1er trimestre 2008

Remettre en cause notre sacro-sainte croissance
Benjamin Dessus, Politis, hors-série n°46 : « Vivre autrement. Un autre monde existe déjà ! », octobre-novembre 2007

Énergie : « la solution, c’est la sobriété »
Benjamin Dessus (interview), DeveloppementDurableLeJournal.com, lundi 17 septembre 2007

Énergie : les nouvelles technologies n’y suffiront pas, il faut changer de paradigme !
Benjamin Dessus, Liaison Énergie Francophonie, numéro 75, 2ème trimestre 2007

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