Analyse critique de l’étude de l’Union Française de l’Electricité

, par   Benjamin Dessus

Abondamment repris par de nombreuses personnalités politiques et industrielles militant pour le maintien du nucléaire, les résultats de l’étude prospective « Électricité 2030, quels choix pour la France ? » sont le produit de choix méthodologiques très contestables, conduisant en particulier à une très forte sous estimation des potentiels d’économie d’électricité réellement envisageables à l’horizon 2030. C’est ce que met en évidence Benjamin Dessus dans ce document de travail du 23 janvier 2012.


L’Union Française de l’Électricité, organisme qui regroupe les professionnels de l’électricité a présenté le 8 novembre 2011 la synthèse d’une étude prospective intitulée « Electricité 2030, quels choix pour la France ? » dont nous n’avons pas pu malheureusement nous procurer le texte complet.
Cette étude propose le croisement de trois scénarios de demande électrique en 2030 qui se différencient par leur taux annuel de croissance du PIB (1%,1,5% et 2,5%) et de 3 scénarios de production électrique : 70%, 50%, 20% de nucléaire. Neuf images donc en 2030 dont seules les trois qui correspondent à une croissance de 1,5% sont exposés dans le document de synthèse.
Les résultats de cette étude, très favorables aux scénarios de poursuite du nucléaire à des niveaux élevés, ont été abondamment utilisés par de nombreuses personnalités politiques et industrielles militant pour le maintien du nucléaire pour étayer leur argumentation.
Par contre, l’étude-elle même ne semble pas avoir fait l’objet d’analyses critiques pourtant indispensables, si elle doit servir de base au débat politique.

Global Chance a donc décidé de produire une première analyse de cette étude, sur la base du seul document de synthèse disponible puisque l’UFE n’a pas souhaité communiquer les détails de son étude.
Cette première analyse se concentre sur le scénario central de l’UFE, le scénario UFE 70% (croissance annuelle du PIB de 1,5%, 70% de nucléaire dans la production d’électricité).

L’attention de Global chance a été en particulier attirée par les trois points suivants :
• L’absence totale de description du mix énergétique de production.
• Le traitement de l’évolution de la demande d’électricité de 2010 à 2030 des différents scénarios, les potentiels d’économie d’électricité et leur coûts.
• Le traitement des questions de substitution, dans des applications traditionnellement dévolues aux énergies fossiles, par de l’électricité et leurs conséquences en termes d’émissions de CO2.

L’examen critique de ces choix méthodologiques biaisés conduit à mettre en évidence une très forte sous estimation des potentiels d’économie d’électricité réellement envisageables à l’horizon 2030 dans l’étude de l’UFE, et donc une surestimation importante des besoins réels d’électricité à cette époque. Les conclusions de l’étude en devraient être profondément bouleversées, aussi bien du point de vue des besoins de production électrique que du point de vue économique.

Télécharger l’Analyse critique de l’étude de l’UFE (pdf, 460 Ko) (Benjamin Dessus, 23 janvier 2012)


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