Martine Barrère

"Populariser les sciences et les techniques est mon métier depuis 20 ans. C’est aussi ma passion" écrivait récemment notre amie Martine Barrère, disparue prématurement, le 30 septembre 1995, dans sa cinquante quatrième année. Journaliste scientifique, Martine Barrère a joué un rôle essentiel dans la définition de Science Tribune lorsque cette revue n’était qu’un projet.

Physicienne de formation, elle a débuté sa carrière au Commissariat à l’Energie Atomique, avant de devenir enseignante au Sénégal, puis à la faculté d’Orléans. En 1971, elle rejoint la rédaction de La Recherche où elle est nommée chef de rubrique. Plus préoccupée par l’explication des enjeux de la science que par la vulgarisation proprement dite de ses résultats, elle anime et développe une rubrique "Science et politique" qui contribuera au succès et à la notoriété du journal. Elle réalise de nombreuses enquêtes, au sens noble du journalisme, notamment sur l’affaire du volcan de la Soufrière, sur le nucléaire, sur les tests de dépistage du sida, sur la fraude scientifique, sur la science en Europe et dans les pays en voie de développement. De 1979 à 1981, elle préside l’Association des journalistes scientifiques de la presse d’information (AJSPI). En 1989, elle devient conseillère éditoriale de La Recherche, revue qu’elle est contrainte de quitter en décembre 1990 à la suite d’un désaccord avec la nouvelle direction.

Devenue journaliste indépendante, elle travaille pour de nombreux médias, notamment le Monde et le Monde Diplomatique. Elle multiplie les collaborations avec divers organismes, les Communautés européennes, le CNRS, la Cité des Sciences en particulier. Elle enseigne le journalisme scientifique à l’université Paris VII. A l’occasion de la conférence de Rio, elle coordonne un ouvrage collectif, "Terre, patrimoine commun" (éditions La Découverte), consacré aux enjeux de l’environnement et du développement. A la suite du fameux "appel de Heidelberg" lancé a Rio par des scientifiques décidés à défendre une vision farouchement positiviste du "progrès", elle organise sur place un contre-appel et, quelques mois plus tard, un débat intitulé "Vous avez-dit progrès ?" au sein de l’AITEC (Association internationale des techniciens, experts et chercheurs). Martine Barrère était également membre des associations 4D (Dossiers et débats pour le développement durable), Global Chance et CEDETIM (Centre d’études et d’initiatives de solidarité internationale). Elle venait d’être nommée présidente de la toute jeune association "Forum Plutonium".

Toute son action a été guidée par ces deux mots qui étaient, pour elle, indissociables : science et société.