« Les négociations ne se concluront pas à Copenhague »

, par   Pierre Radanne

Pierre Radanne

Nord Éclair, mardi 8 décembre 2009
Propos recueillis par Magalie Ghu

Ancien président de l’Ademe, Pierre Radanne est expert dans les politiques énergétiques nécessaires à la lutte contre le changement climatique. Présent à Copenhague, il décrypte pour nous le début du sommet et ses enjeux.

Comment s’est passée cette première journée ?

Il ne s’est rien passé de bien réjouissant. On a affaire à des acteurs dont la motivation est forte et qui montrent le poids du sujet, mais dès qu’il s’agit de discussions concrètes, il y a des oppositions énormes.

Pourquoi un accord international est-il si difficile à trouver ?

On est face à des pays qui ont tous des intérêts différents. On commence à parler de plus en plus d’argent. Les pays industrialisés disent qu’ils sont suffisamment surendettés à cause de la crise. Les pays en voie de développement ont peur de se voir privés de croissance et voudraient qu’on leur propose une autre voie s’ils doivent réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.

Que peut-on attendre de la conférence de Copenhague dans ce contexte ?

Nous sommes ici 35 000 personnes qui exercent une pression très forte sur les négociateurs. On peut espérer un sursaut qui ferait que les gens franchissent un pas historique. Il faut toujours espérer. Mais les négociations sont très difficiles et il est très probable qu’elles ne se concluent pas à Copenhague. Le climat est un sujet très grave et donc conflictuel. On est face à des pays qui vont avoir des transformations importantes dans leur mode de développement. On va récupérer les inégalités Nord/Sud héritées du XXe siècle. Puisque la question du climat est indivisible, elle ne peut qu’aboutir à une considérable transformation des relations internationales.

Que va-t-il se passer si Copenhague est un échec ?

Si on n’arrive pas à réduire les émissions de gaz à effet de serre de moitié d’ici à 2020, on va rentrer dans un monde de violence car le dérèglement climatique ne permettra plus de répondre aux besoins en eau et en alimentation pour la planète.

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