Les mesures de renforcement du parc nucléaire français, dix ans après Fukushima

, par   Manon Besnard, Yves Marignac

Résumé

Les démarches engagées après la catastrophe de Fukushima pour réévaluer la sûreté des installations nucléaires françaises s’inscrivaient dans la perspective d’intégrer ce retour d’expérience en une dizaine d’années. Dix ans après cet accident, cette intégration reste limitée. Si le processus engagé dès 2011 par la réalisation des évaluations complémentaires de sûreté (ECS) a débouché sur un programme ambitieux de prescriptions, celui-ci tarde considérablement dans sa mise en œuvre.
Les actions de renforcement à court terme, symbolisées par la Force d’action rapide nucléaire (FARN), sont pour l’essentiel complètement déployées, mais d’autres ont été retardées, comme la construction des diesels d’ultime secours achevée en février 2021 avec plus de deux ans de retard, et d’autres surtout ne sont pas encore mises en œuvre.
C’est notamment le cas d’un certain nombre de dispositions relevant du « noyau dur », c’est-à-dire l’ensemble de moyens robustes destinés à garantir, même dans des conditions extrêmes, les capacités de refroidissement et de maîtrise de l’accident grave. Elles ne seront déployées qu’au fil des réexamens périodiques des réacteurs, et ne seront donc pas complètes pour l’ensemble du parc, dans le meilleur des cas, avant la deuxième moitié des années 2030.
Cette dérive, difficile à suivre en raison de la dilution progressive du processus dans les procédures réglementaires classiques et de l’absence de tableau de bord public, ne répond ni à l’engagement initial de mettre ces renforcements en œuvre dans les meilleurs délais, ni à la perspective d’en faire une condition préalable à la prolongation de fonctionnement des réacteurs au-delà de 40 ans.

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