La consommation d’énergie en France et en Allemagne : une comparaison instructive

, par   Bernard Laponche

La catastrophe de Fukushima relance le débat sur l’avenir énergétique de la France : serons-nous capables, à l’image de l’Allemagne depuis déjà une dizaine d’années, d’engager une politique visant à terme à sortir du nucléaire ? Il n’est pas inutile, dans le cadre de ce débat, d’examiner attentivement les situations énergétiques respectives de la France et de l’Allemagne et leurs évolutions depuis le début des années 1990. C’est l’exercice - instructif - auquel s’est livré Bernard Laponche dans ce document de travail de 72 pages daté du 18 mai 2011.

(Nota bene : ce travail a été suivi par la publication de L’énergie en Allemagne et en France : une comparaison instructive - Les Cahiers de Global Chance, n°30, septembre 2011)

Télécharger le document de travail du 18 mai 2011 (pdf, 1.7 Mo)

Ci-dessous : Table des matières - Conclusion (extrait)

table des matières

1. DONNÉES ÉCONOMIQUES
1.1 POPULATION, PRODUIT INTÉRIEUR BRUT ET VALEURS AJOUTÉES
1.1.1 Population
1.1.2 Produit intérieur brut et valeurs ajoutées sectorielles
1.2 COMMERCE EXTÉRIEUR GLOBAL ET ÉNERGÉTIQUE
1.2.1 Les valeurs en 2008 et 2007
1.2.2 Évolution des importations et exportations totales
1.2.3 Évolution des importations et exportations énergétiques
2. DU CÔTÉ DE LA DEMANDE
2.1 CONSOMMATIONS ÉNERGÉTIQUES FINALES
2.1.1 Évolution des consommations énergétiques finales
2.1.2 Consommations énergétiques finales par produit et par secteur
2.1.3 Évolution des consommations finales par habitant
2.1.4 Intensité énergétique finale
2.2 CONSOMMATIONS FINALES D’ÉLECTRICITÉ
2.2.1 Consommations par secteur en 2009
2.2.2 Consommations par habitant
2.2.3 Intensité électrique
2.3 ANALYSE SECTORIELLE DES CONSOMMATIONS D’ÉNERGIE
2.3.1 Industrie
2.3.2 Transports
2.3.3 Résidentiel et Tertiaire
3. DU CÔTÉ DE L’OFFRE
3.1 DE LA PRODUCTION PRIMAIRE À LA CONSOMMATION FINALE
3.1.1 Le bilan énergétique
3.1.2 Consommations d’énergie primaire
3.1.3 De la consommation primaire à la consommation finale
3.1.4 Intensité énergétique primaire
3.2 LE BILAN ÉLECTRIQUE ET LA PRODUCTION D’ÉLECTRICITÉ
3.2.1 Le bilan électrique
3.2.2 Production d’électricité par source
3.2.3 Les échanges d’électricité de la France
3.3 LA PRODUCTION DE CHALEUR
3.3.1 Chaleur primaire
3.3.2 Production de chaleur des chaufferies et de la cogénération
3.4 LA BIOMASSE
3.5 CONTRIBUTION DES SOURCES PRIMAIRES À LA CONSOMMATION FINALE
3.6 LA DÉPENDANCE ÉNERGÉTIQUE
3.6.1 Le « taux d’indépendance énergétique » officiel en France
3.6.2 Différentes méthodes de calcul d’un indicateur unique
3.6.3 Une appréciation multicritères : la sécurité énergétique
4. LES ÉMISSIONS DE GAZ À EFFET DE SERRE
4.1 GAZ CARBONIQUE (CO2)
4.1.1 Émissions totales
4.1.2 Émissions de combustion par produit énergétique
4.1.3 Émissions par secteur d’activités
4.2 MÉTHANE
5. LES DÉCHETS NUCLÉAIRES
5.1 LES POLITIQUES NUCLÉAIRES
5.2 ACCUMULATION DE COMBUSTIBLES USÉS ET DE MATIÈRES NUCLÉAIRES
5.3 ACCUMULATION DE DÉCHETS RADIOACTIFS
6. CONCLUSION : LES ENSEIGNEMENTS DE LA COMPARAISON
Les données économiques
La demande énergétique
L’offre d’énergie
Les émissions de gaz à effet de serre et les déchets nucléaires
La comparaison incite à la réflexion

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conclusion : la comparaison incite à la réflexion

La comparaison entre les situations énergétiques de l’Allemagne et de la France et leur évolution depuis les vingt dernières années permet de dépasser sur de nombreux points les poncifs les plus courants qui circulent sur les caractéristiques de ces deux pays dans ce domaine (une Allemagne arc-boutée sur le charbon, aux voitures et à l’industrie puissantes et énergivores, une France « propre et indépendante » grâce au nucléaire qui soutient son industrie et exporte, etc.).

L’analyse comparative montre des similitudes de situations et d’évolution, notamment dans la réduction des intensités énergétiques des deux pays, mais aussi des différences notables, au moins autant au niveau de la demande que de l’offre d’énergie, souvent très instructives (mais parfois aussi non expliquées) qui méritent d’être soulignées.

(...)

La comparaison incite à la réflexion

Indéniablement, les courbes et les chiffres présentés dans ce document montrent une profonde divergence entre les politiques énergétiques allemande et française à partir de la fin des années 1990. C’est-à-dire au moment où l’effort massif de la réunification a terminé sa phase la plus lourde et où le gouvernement l’Allemagne a décidé la « sortie du nucléaire » comme objectif à moyen terme. En conséquence, ce pays a développé considérablement ses efforts sur l’efficacité énergétique et surtout les énergies renouvelables, à la fois pour des considérations de sécurité énergétique et de lutte contre le changement climatique mais aussi, ce qui lui a valu le soutien de l’industrie et des syndicats allemands, pour des considérations économiques et sociales (création d’activités et d’emplois).

Les succès confirmés de l’industrie allemande et son avance considérable en matière d’exportation conduisent, par comparaison, à se poser de sérieuses questions sur la constance (ou le conservatisme) de la politique énergétique française. Ce pays, qui a fait historiquement des efforts importants dans le domaine de l’efficacité énergétique mais a insuffisamment poursuivi sur sa lancée, a continué à consommer et surtout à produire de l’électricité en surabondance pour soutenir sa politique nucléaire et a, jusqu’ici, sacrifié le développement des énergies renouvelables. Et cela en dépit du fait que, dans tous les domaines (chaleur et électricité), les potentiels de ce développement sont, en France, bien supérieurs à ceux de l’Allemagne.

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