Hollande et le nucléaire : rien ne va changer

, par   Jean-Marie Brom

Septembre 2012 : à la veille du « Débat national sur la transition énergétique », le Président Hollande, s’il renouvelle sa promesse de fermer la seule centrale de Fessenheim (1.760 MWe), assure que le chantier de l’EPR à Flamanville (1.650 MWe) sera mené à son terme... La capacité électronucléaire de la France resterait ainsi plus ou moins inchangée au terme du mandat de Français Hollande, la mise en œuvre de l’objectif de ramener à 50% la part du nucléaire dans la production électrique à l’horizon 2025 – ce qui impliquerait de fermer non pas deux vieux réacteurs, comme à Fessenheim, mais une bonne douzaine – étant renvoyée à ses successeurs...


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Jean-Marie Brom : Hollande et le nucléaire : rien ne va changer
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Bâtie sur une faille sismique et en zone inondable, raccordée au réseau en 1977, Fessenheim est la plus ancienne des centrales nucléaires en service en France...

HOLLANDE ET LE NUCLÉAIRE : RIEN NE VA CHANGER

Jean-Marie Brom, Reporterre.net, vendredi 25 janvier 2013

Fermer Fessenheim, ouvrir Flamanville : au terme du mandat de M. Hollande, la capacité nucléaire de la France n’aura pas bougé d’un iota.

En ce mois de janvier 2013 devraient commencer les premières tables rondes autour de la « transition énergétique », avec en particulier le dossier nucléaire. Mais sur ce dossier, y-a-t-il encore matière à discussion ?

Parallèle…

Juin 2007 : juste avant de lancer le « Grenelle de l’Environnement », le ministre Alain Juppé annonce que le dossier du nucléaire n’en fera pas partie. Histoire de bien montrer à certains groupes de pression qu’ils n’ont pas à s’inquiéter.

Septembre 2012 : à la veille de la première réunion interministérielle sur la transition énergétique, le Président Hollande renouvelle sa promesse de fermer la seule centrale de Fessenheim à la fin 2016, de terminer le chantier de l’EPR et d’amener la part du nucléaire à 50% à l’horizon 2025. Sur le nucléaire, débat clos avant même d’avoir commencé…

Autrement dit : que ce soit pour Sarkozy ou Hollande, rien de changé : à peine élu, le chef de l’État entame un grand débat écolo-énergétique, quel qu’en soit le nom, et vide ce débat pour ce qui concerne le nucléaire, tout en renouvelant l’allégeance de l’État pour l’atome – voir les déclarations de Delphine Batho et Arnaud Montebourg…

Opération blanche

En supposant réelle la volonté de François Hollande de respecter sa promesse, la capacité nucléaire de la France n’aura pas évolué durant ce mandat : 1.760 MWe de moins avec l’arrêt de Fessenheim, 1.650 MWe de plus avec l’EPR de Flamanville.

Opération blanche en définitive, avec une dépendance nucléaire maintenue à près de 75% pour notre électricité à la veille de l’élection de 2017… François Hollande n’aura finalement pas fait grand-chose, à part dépenser quelques milliards de plus pour un EPR de toute façon invendable à quiconque...

L’intenable promesse ou le mensonge conscient ?

Restera la promesse de réduire notre dépendance au nucléaire pour 2025, c’est-à-dire passer de 75 à 50% en huit ans. Et là, le calcul est simple : en 2012, la capacité nucléaire installée est de 63.130 MWe, produisant environ 75 % des 541 TWh de 2011. Depuis un dizaine d’année, notre capacité de production augmente de quelques 2% par an – essentiellement par l’apport des énergies renouvelables .

En poursuivant sur cette lancée, notre production électrique pourrait s’établir en 2025 autour de 700 TWh, produits à 50% par le nucléaire. Il conviendrait de fermer une capacité de quelques 10 000 MWe, ce qui correspond à 13 réacteurs : la totalité des sites de Bugey et Dampierre, 2 réacteurs à Gravelines et Tricastin, un au Blayais, si l’on commence par les plus anciens… Et encore, en supposant qu’aucun nouvel EPR, aucun réacteur même expérimental ne sera construit entre temps… Douteux…

Et douteux également, à voir la mollesse du pouvoir face au lobby nucléaire pour fermer les deux vieux réacteurs de Fessenheim pourtant mis en cause même par l’Autorité de Sûreté Nucléaire (problèmes de la digue du Canal d’Alsace, de séismicité, permanence d’un nombre très élevé d’incidents…). S’il faut 4 ans pour fermer – à reculons – deux réacteurs, comment imaginer en fermer 13 ou plus en 8 ans ?

Comme monsieur Sarkozy avant lui, il semble que monsieur Hollande n’ait pas attendu pour s’être mis au pas du nucléaire : comme son prédécesseur, il organise un vaste débat en trompe-l’œil dont le nucléaire est bizarrement absent. Et comme son prédécesseur, dès qu’il s’agit du nucléaire, la solution sera pour le mandat suivant.

Mais après tout pourquoi se dépêcher ? Les 19 sites abritant nos 58 réacteurs sont pollués pour une bonne cinquantaine d’années au moins, et nos futurs sites de déchets le seront pour quelques dizaines de milliers d’années… Et un mandat ne dure que 5 ans… La tranquillité nucléaire n’a pas de prix. Jusqu’à Tchernobyl ou Fukushima…
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