EDF : le non-évènement du CA du 24 janvier 2017

, par   Jean-Marie Brom

24 janvier 2017 : le Conseil d’Administration d’EDF se prononce sur la fermeture définitive de la centrale de Fessenheim, et, plus précisément sur l’acceptation ou non de l’indemnisation (446 millions au minimum) proposée par l’État.
Mais au-delà du montant – exagérément élevé pour une centrale en bout de course... –, l’enjeu politique de ce CA soit-disant “historique” est des moindres : une acceptation par EDF du “deal” proposé par... son actionnaire ultra-majoritaire (près de 85% des actions de l’électricien sont détenus par l’État...) permettra tout au plus à François Hollande, à l’approche de la fin de son mandat, de prétendre avoir respecté son engagement de fermer la plus vieille centrale nucléaire française en service.
Et ce alors même que cet engagement du candidat Hollande – confirmé, après son élection à la présidence de la République, lors de la conférence environnementale des 14 et 15 septembre 2012 (« La centrale de Fessenheim [...] sera fermée à la fin de l’année 2016 ») – a d’ores et déjà été définitivement enterré dès 2015 par une déclaration sans ambage (« quand Flamanville ouvrira, Fessenheim devra fermer », 8 septembre 2015) de sa ministre de l’Écologie et ex-femme, Ségolène Royal, transformant en plancher le plafond de 63,2 gigawatts nucléaires prévu par la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte (LTECV) du 17 août 2015...
Le sort de l’ancêtre du parc nucléaire était ainsi fixé bien avant le CA tenu par EDF le 24 janvier 2017 : plutôt que la fermeture « à la fin de l’année 2016 », ce sera l’acharnement thérapeutique...

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EDF : LE NON-ÉVÈNEMENT DU CA DU 24 JANVIER 2017

Jean-Marie Brom, Le Club Mediapart, lundi 23 janvier 2017

Ce 24 janvier 2017, le Conseil d’Administration d’EDF (18 administrateurs, dont 12 pourront prendre part au vote) devrait se prononcer sur la fermeture définitive de la centrale de Fessenheim, et plus précisément sur l’acceptation ou non de l’indemnisation de 446 millions (au minimum) que propose l’État pour cette mise à l’arrêt définitif.

Nous avions déjà dit (*) ce que nous pensions de cette absurde indemnisation, bien trop élevée pour une centrale vieillissante, mal située et qui aura été à l’arrêt durant 3 mois (réacteur 1) et 6 mois (réacteur 2), mais bien, trop faible pour une centrale prétendument en grande forme, et qui rapporterait 200 millions par an (autre mensonge éhonté).

Mais toujours est-il que ce CA ne changera finalement pas grand chose à l’avenir de cette centrale, pour laquelle François Hollande avait répété sa volonté de fermeture pour la fin 2016 :

• Le CA peut accepter l’indemnisation (et il semble, aux dernières nouvelles de cette nuit, que ce sera la voie adoptée). Dans ce cas, Le Président pourrait prendre un décret imposant la mise à l’arrêt pour la date de mise en service de l’EPR. Décret sans effet, puisque retirant l’accréditation par anticipation, et ne garantissant en rien son irréversibilité : un nouveau décret pourrait purement et simplement l’annuler (c’est ce que François Fillon – et d’autres candidats – ont déjà promis). Pour la centrale, rien ne change. "Business as usual", en attendant des jours "meilleurs". Mais Maître Hollande pourra toujours essayer de faire croire qu’il a respecté sa promesse.

• Le CA peut refuser l’indemnisation, et dans ce cas, EDF étant une société anonyme, la marge de manœuvre de l’État sera nulle, à moins d’engager une épreuve de force avec EDF, et le courage passé du bientôt ex-Président de la République ne porte pas à l’optimisme…

• Le CA peut tergiverser, demander des éclaircissements ou une renégociation de l’indemnisation, et on en revient à la situation précédente.

Et dans les deux derniers cas, notre futur ex pourra dire qu’il aura tenté de respecter sa parole, mais que devant la mauvaise volonté d’EDF, il ne peut que s’incliner… Il en a l’habitude…

De toute manière, depuis qu’en septembre 2015 le président Hollande et sa Royal ministre ont transformé le plafond de la loi [TECV (**)] (l’EPR ne peut démarrer avant que Fessenheim ne ferme) en plancher (Fessenheim ne peut fermer tant que l’EPR ne démarre pas), le sort de l’ancêtre du parc nucléaire est fixé : l’acharnement thérapeutique plutôt que la fermeture.

Avec un dernier coup de pied de l’âne en direction de ce pauvre François Hollande : alors que le réacteur n°2 est à l’arrêt depuis le 13 juin dernier, alors que le réacteur n°1 ne devait redémarrer que le 3 janvier 2017, EDF (avec la complicité de l’ASN) a tout mis en œuvre pour le faire repartir le 30 décembre à 21h00… Fessenheim n’aura pas été arrêté en 2016, et rien n’aura été épargné à notre pauvre président…

Il faut dire que François Hollande aura développé des trésors d’imagination pour ne pas respecter sa promesse (***), avec l’aide des syndicats, de la Cour de comptes, de l’INSEE, de l’Assemblée Nationale… Trois délégués ministériels à la fermeture, trois ministres de l’environnement. Belle constance pour si peu de résultat…

Jean-Marie Brom

Notes de la rédaction de Global-Chance.org :

(*) Indemnisation pour Fessenheim : escroquerie ou accord de dupes ?, Jean-Marie Brom, Le Club Mediapart, mercredi 31 août 2016

(**) Loi n° 2015-992 du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte.

(***) À lire également, sur Reporterre, le site fondé par l’auteur de « Comment les riches détruisent la planète », Hervé Kempf, l’article très détaillé de Lorène Lavocat : Royal consacre la trahison de Hollande sur Fessenheim (9 septembre 2015).

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