Coût du nucléaire présent et futur : notes au CNDTE

, par   Benjamin Dessus

Lors du « Débat national sur la transition énergétique » (novembre 2012 - juillet 2013), le président de Global Chance, Benjamin Dessus, a été sollicité pour rejoindre le groupe d’experts chargé de s’accorder sur les « coûts unitaires » (dits “overnight”) des sources d’électricité. C’est dans ce cadre qu’il a rédigé puis communiqué au « Conseil national du débat sur le transition énergétique » (CNDTE) les 5 notes de travail proposées en téléchargement sur cette page.

Page publiée en ligne le 20 avril 2015

Sur cette page :
• Coût du nucléaire présent et futur : notes au CNDTE (Benjamin Dessus)
• À voir également sur le site de Global Chance (Dossiers et documents)

COÛT DU NUCLÉAIRE PRÉSENT ET FUTUR : NOTES DE BENJAMIN DESSUS
AU CONSEIL NATIONAL DU DÉBAT SUR LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE

Introduction : le contexte
Les 5 notes de travail communiquées au CNDTE


INTRODUCTION : LE CONTEXTE

Dans le cadre du « Débat national sur la transition énergétique » (novembre 2012 - juillet 2013), le président de Global Chance, Benjamin Dessus, a été auditionné par le groupe de travail 2 sur les scénarios de transition (1) au titre de son scénario prospectif « Sortir du nucléaire en 20 ans. À quelles conditions et à quels coûts ? » (15 pages, 31 janvier 2012).

Il a également fait partie du groupe d’experts (2) chargé par le groupe de travail 4 relatif aux coûts et bénéfices de la transition (3) de s’accorder sur les « coûts unitaires » (dits “overnight”) des sources d’électricité. C’est à ce titre que les 5 notes proposées en téléchargement ci-dessous ont été rédigées puis transmises au « Conseil national du débat sur la transition énergétique » (CNDTE).

Rédaction de global-chance.org

(1) Groupe de travail 2 « Quelle trajectoire pour atteindre le mix énergétique en 2025 ? Quels types de scénarios possibles à horizons 2030 et 2050, dans le respect des engagements climatiques de la France ? ». En téléchargement depuis le site officiel du DNTE : le rapport du groupe de travail 2 [fichier pdf, 72 pages, 1.5 Mo] ainsi que l’étude « Une vision pédagogique des 4 trajectoires étudiées dans le cadre du Débat national sur la transition énergétique » [fichier pdf, 147 pages, 21.7 Mo].

(2) Ce groupe d’experts comprenait également Patrick Criqui, Fabien Roques, Paul Lucchese, Corentin Sivy, Cédric Philibert, Jean-Pierre Joly, Renaud Crassous et Philippe Menanteau.

(3) Groupe de travail 4 « Quels coûts, quels bénéfices et quel financement de la transition énergétique ? ». En téléchargement depuis le site officiel du DNTE : le rapport du groupe de travail 4 [fichier pdf, 119 pages, 9.5 Mo].

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LES 5 NOTES DE TRAVAIL COMMUNIQUÉES AU CNDTE

(téléchargement & résumés / ordre chronologique)

Note n°1
Coût du nucléaire existant et futur : critique de la note « Fiche sur les coûts du nucléaire actuel et futur » de Paul Lucchese au CNDTE [fichier pdf, 350 Ko]
Benjamin Dessus, note au CNDTE, 10 mars 2013, 5 pages

Résumé
La note « fiche sur les coûts du nucléaire et futur » transmis le 7 mars 2013 par Paul Lucchese au groupe 4 du CNDTE (« Quels coûts, quels bénéfices, quels financements de la transition énergétique ? ») appelle un certain nombre de critiques :
• Pour ce qui concerne le coût de production des réacteurs actuels, tout d’abord, le coût mis en avant par Paul Lucchese (54,2€/MWh) ne prend en compte ni les frais de recherche jusqu’en 2010 (estimés par la Cour des comptes à 77 milliars € 2010, soit une incidence de 14,5€ sur le coût du MWh...), ni les coûts de gestion des déchets issus de l’extraction et du traitement du minerai d’uranium, ni les coûts de gestion de l’uranium appauvri et du plutonium (aujourd’hui considérés comme des “matières valorisables”...), ni la gestion et le stockage du Mox irradié, ni la prime d’assurance annuelle nécessaire pour constituer un fonds d’indemnisation des dégâts engendrés par un accident grave ou majeur. Or l’inclusion ne serait-ce que de la recherche dans les coûts historiques du nucléaire actuel conduit à un coût de 68,7 €/MWh...
• Pour ce qui concerne le coût du MWh de Flamanville, les données les plus récentes (coût « overnight » de 8,5 milliards €, rémunération du capital 10%) permettent de l’évaluer, sur la base de la méthode « Cour des comptes » (durées de fonctionnement de 6500 à 7000 heures) à environ 120€/MWh (ce qui est dans les ordres de grandeur de la négociation en cours entre le Royaume-Uni et EDF, qui réclame 115 €/MWh). Face à cette réalité, Paul Lucchese invoque l’effet de série pour justifier une baisse importante du coût du MWh EPR dans l’avenir, avec une fourchette qu’il estime entre 60 et 75€/MWh... et ce alors que l’étude de la Cour des comptes montre à l’évidence que l’effet d’apprentissage constaté sur le parc actuel (pour des séries de 34 et 20 réacteurs construits en très peu d’années) ne permet guère un tel optimisme : même si l’EPR était construit en une série d’une vingtaine en un laps de temps assez court et dans un seul pays, il est très improbable que ses coûts puissent tomber au dessous de 85€/MWh. Et encore faut-il pour “tirer” ainsi les coût à la baisse faire l’impasse complète sur les conséquences financières d’un accident grave ou majeur, dont la prise en comte se traduirait par une prime d’assurance qui pèserait lourd sur le coût du MWh...

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Note n°2
Pour une harmonisation des méthodes et des paramètres économiques de comparaison entre les filières de production ou d’économie d’énergie [fichier pdf, 380 Ko]
Benjamin Dessus, note au CNDTE, 13 mars 2013, 7 pages

Résumé
Au moment où les différentes trajectoires envisageables de transition énergétique pour la France vont être analysées sous différents aspects, et en particulier sous l’aspect économique et financier, la nécessité d’une harmonisation des hypothèses technologiques et industrielles qui sous tendent les analyses de coût futur des différentes filières de production ou d’économie d’énergie et le choix d’une méthode unique de calcul des coûts se fait évidemment sentir. Dans ce cadre, utiliser la méthode dite du « coût courant économique » (retenue par la Cour des comptes dans son rapport sur le coût financier du parc nucléaire actuel) serait l’option la plus pertinente : cette méthode, fondée sur la notion de loyer économique, a en effet le mérite de permettre la comparaison de projets de temps de vie très différents sur une base commune. Dans le même temps, il conviendrait, pour des raisons d’homogénéité, d’adopter, dans le cadre des travaux du groupe 4 du CNDTE (« Quels coûts, quels bénéfices, quels financements de la transition énergétique ? »), les mêmes paramètres de taux de rémunération du capital (7,8%), de frais financiers (4,5%), d’actualisation (5%) et d’inflation (2%), que la Cour des comptes dans son étude sur le nucléaire, quitte à produire si nécessaire des études de sensibilité à des variantes de ces paramètres.

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Note n°3
Prise en compte économique des risques nucléaires [fichier pdf, 320 Ko]
Benjamin Dessus, note au CNDTE, 17 mars 2013, 4 pages

Résumé
La question des risques associés à l’énergie nucléaire comporte bien entendu des aspects éthiques, mais aussi des aspects économiques et financiers, qu’il s’agisse du coût d’une panne générique sur les réacteurs existants ou de la prise en compte d’un éventuel accident.
• Hors accident, il faut en France envisager les conséquences d’une panne ou d’un défaut générique qui pourrait conduire à arrêter provisoirement ou définitivement une part importante du parc actuel (58 réacteurs construit par paliers - 34 tranches de 900 MW, 20 tranches de 1300 MW, 4 tranches de 1450 MW - et qui produit plus de 75% de l’électricité nationale). La question se pose tout particulièrement dans le cas d’une prolongation de la durée de vie du parc au delà de la 3ème visite décennale, prolongation qui, au delà des investissements indispensables de mise aux normes post Fukushima, entraînerait des investissements importants de jouvence (pour atteindre des durées de vie de 40, voire 50 ou 60 ans comme cela est parfois envisagé), sachant qu’une partie des installations, dont, entre autres, la cuve, ne peut pas bénéficier de ces opérations de jouvence, ce qui augmente les risques de défaillance générique avec le temps...
• L’internalisation des coûts d’un accident majeur fait l’objet d’estimations depuis une vingtaine d’années sur la base d’une évaluation des dégâts potentiels et d’une estimation de la probabilité d’accidents. Ces études, qui conduisaient à des coûts externes d’accident par MWh très bas (de l’ordre de 0,1 €/MW), ont été remises en cause dans la période récente à la suite de la catastrophe de Fukushima, que ce soit au niveau des coûts pris en compte ou de l’approche probabiliste. En France, pour ce qui concerne les coût, une évaluation de l’IRSN, citée dans le rapport de la Cour des comptes de janvier 2012, avançait la fourchette de 600 à 1000 milliards d’euros pour un médian accident majeur, et l’IRSN a évoqué plus récemment un coût de 430 milliards d’euros pour le même type d’accident. Quand à l’approche probabiliste, fondée sur l’analyse de scénarios accidentels, elle a été fondamentalement remise en cause par la survenue de trois accidents (un grave, à Three Mile Island, et deux majeurs, à Tchernobyl et à Fukushima) : alors que l’approche historiquement proposée conduisait à une probabilité d’accident majeur de réacteurs totalement marginale, la réalité constatée est 280 fois plus élévée que prévu ! Or la mise en place, sur ces nouvelles bases, d’un véritable Fonds d’assurance dédié viendrait lourdement grever le coût du MWh nucléaire...

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Note n°4
Coût du nucléaire existant et futur [fichier pdf, 310 Ko]
Benjamin Dessus, note au CNDTE, 28 mars 2013, 5 pages

Résumé
Sur la base de la méthode de calcul dite du « coût courant économique » (CCE) et des paramètres économiques (taux d’inflation, taux d’actualisation, taux de rémunération du capital, taux d’intérêt intercalaire) employés par la Cour des comptes dans son rapport sur « les coûts de la filière nucléaire », des éléments historiques présentés dans ce rapport et des éléments de coûts aujourd’hui publiés par les différents acteurs industriels, il apparaît que :
• le CCE de l’électricité produite par le parc existant se situe entre 55 et 65 €/MWh selon la durée de vie envisagée et le périmètre des frais pris en compte dans le calcul (hors constitution d’un fonds « accident majeur ») ;
• le CCE de l’électricité produite par l’EPR de Flamanville 3 se situe autour de 100€/MWh (hors constitution d’un fonds « accident majeur ») ;
• le CCE de l’électricité produite d’une petite série d’EPR (5 à 10) ne devrait pas tomber au dessous de 85€/MWh (hors constitution d’un fonds éventuel « accident majeur »).

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Note n°5
L’EPR : une rupture inexplicable du coût d’investissement par rapport aux paliers précédents [fichier pdf, 2.4 Mo]
Benjamin Dessus, note au CNDTE, 13 mai 2013, 4 pages
[NB : cette note a déjà été publiée en ligne sur le site de Global Chance le 18 juin 2013]

Résumé
La Cour des comptes a recensé dans son étude sur les « coûts de la filière électronucléaire » les coûts d’investissement des réacteurs du parc nucléaire français. Les chiffres mettent en évidence pour l’EPR une rupture majeure par rapport à la tendance antérieure, qui aurait logiquement dû conduire à un coût de tête de série inférieur de moitié au coût prévisionnel annoncé. Dans ces conditions, le coût d’investissement d’un EPR de petite série ne saurait, dans un avenir prévisible, atteindre des valeurs qui le rendraient compétitif avec les autres filières de production d’électricité...

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À VOIR ÉGALEMENT SUR LE SITE DE GLOBAL CHANCE

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Bure : ceci n’est pas un débat public
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Global Chance et ses membres dans le « débat public » sur le projet Cigéo

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Des questions qui fâchent : contribution au débat national sur la transition énergétique
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L’efficacité énergétique à travers le monde : sur le chemin de la transition
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L’énergie et les présidentielles : décrypter rapports et scénarios
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L’énergie en France et en Allemagne : une comparaison instructive
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Nucléaire : le déclin de l’empire français
Les Cahiers de Global Chance, n°29, avril 2011, 112 pages

La science face aux citoyens
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Du gâchis à l’intelligence. Le bon usage de l’électricité
Les Cahiers de Global Chance, n°27, janvier 2010, 148 pages

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Transition énergétique et sortie du nucléaire
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Réduire la part du nucléaire : concrètement, ça veut dire quoi ?
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Discours d’acceptation du « Nuclear-Free Future Award 2012 »
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Le nucléaire bon marché ?
Benjamin Dessus, in « Atomes crochus : argent, pouvoir et nucléaire », Réseau Sortir du Nucléaire, juillet 2012

Accident nucléaire : l’inacceptable pari
Bernard Laponche, in « Atomes crochus : argent, pouvoir et nucléaire », Réseau Sortir du Nucléaire, juillet 2012

Audition de Bernard Laponche par la commission d’enquête du Sénat sur « Le coût réel de l’électricité »
Bernard Laponche, documents supports, mercredi 25 avril 2012

Les coûts des différentes filières de production et d’économie d’électricité
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Choix énergétiques : un débat biaisé
Benjamin Dessus, Pour La Science, n°414, avril 2012, pp. 30-35

Sortir du nucléaire en 20 ans. À quelles conditions et à quels coûts ?
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